Notre visite du Pérou restera inachevée au terme de ce petit récit, du moins pour moi puisque Didier a le projet de continuer de voyager en solo.
Cet article est le dernier que j'écris, j'ai été ravie de partager mes découvertes et mes émotions avec vous et je vous remercie de tout coeur d'avoir été de fidèles lecteurs. Nathalie.
Du 13 juin au 4 juillet 2013
Après avoir franchi la frontière Chili-Pérou en taxi, nous prenons notre premier bus péruvien. Le désert fait place à de petites zones vertes le long de la rivière où se développent cultures et élevages.
Nous atteignons la grande ville d’Arequipa, moderne et grouillante. Nous nous installons dans un petit hôtel rempli de touristes français et les échanges d’infos fusent .
Petit tour sur le marché, la place d’arme et les rues animées
Avant de visiter le monastère Santa Catalina, immense couvent dominicain fondé en 1579 par une riche veuve et réservé aux religieuses issues de familles aisées. Nous découvrons une petite ville dans la ville où de grands patios et de nombreuses ruelles colorées mènent aux cellules individuelles avec jardinets et cuisines privatives où vécurent près de 170 nonnes et leurs servantes durant quatre siècles !
Visite du grand réfectoire, du lavoir conçu avec de grandes jarres coupées en deux, du beau jardin, de la fontaine.., le tout entouré par un grand mur de pierre tel une forteresse.
Seules une trentaine de nonnes occupent aujourd’hui une petite partie du monastère, depuis la visite de Jean-Paul II en 1985, elles ont le droit de parler aux gens et de sortir.
Route vers Chivay petite bourgade située à 3700 mètres d’altitude et point de départ vers le canyon de Colca, deuxième plus profond du monde (3400 mètres). Notre bus longe les magnifiques cultures en terrasses et même si les couleurs sont moins vives qu’en été c’est tout de même très impressionnant de découvrir le travail colossal qu’ont ici déployé les indiens colluhuas, une civilisation de mille ans plus ancienne que les incas.
Aujourd’hui, toujours cultivés et transportés manuellement, le maïs, les pommes de terre, les avocats et autres fruits et légumes sont destinés aux besoins des locaux mais également à l’importation.
Nous arrivons au petit village de Yanque où les femmes vendent bonnets, gants de laine et babioles aux pieds de la vieille église dans laquelle les saints, eux aussi, portent des gants .
Au mirador de Cruz Del Condor, nous avons rendez-vous avec les grands rapaces qu’on ne peut admirer qu’en hiver. Des dizaines de condors remontent la paroi rocheuse en passant juste au dessus de nos têtes, ils nous frôlent de si près que nous pouvons entendre le grand souffle de leurs ailes, fantastique ! Les condors peuvent vivre cinquante ans, atteindre près de trois mètres d’envergure et peser quarante kilos, les adultes sont noirs et blancs tandis que les plus jeunes sont marron-gris. Nous contemplons ces grands oiseaux voler gracieusement dans le ciel bleu avant qu’ils ne disparaissent au loin car ces stars ne daignent se montrer qu’entre huit et dix heures du matin .
Arrivée au village de Cabanaconde, perché à 3287 mètres et point de départ des randonnées dans le canyon de Colca; Huit heures de marche dans les sentiers caillouteux qui conduisent aux minuscules hameaux suspendus dans la montagne. Le paysage et splendide, en bas la rivière scintille et les hommes travaillent dans les cultures en terrasses .
Nous atteignons enfin l’Oasis, endroit improbable au fond de la vallée où seulement quelques hôtels avec piscine se sont implantés pour la plus grande joie des randonneurs. C’est vraiment exquis de pouvoir faire tremper nos corps endoloris par l’effort dans l’eau fraîche et pur d’une piscine en plein air implantée dans un décor de rêve .
Après notre moment de délassement, nous passons la nuit dans notre petite hutte avant d’entreprendre la difficile remontée vers Cabanaconde, un dénivelé de plus de mille mètres que nous grimpons en trois heures par une chaleur cuisante ! En chemin, nous croisons des attelages de mules qui descendent vivres et boissons vers l’oasis.
C’est un bus de nuit qui nous conduit à Nazca où nous arrivons au petit matin. Tout comme Paul Kosok en 1939, nous découvrons à bord d’un avion minuscule, les étranges figures tracées dans le désert depuis des millénaires qui s’étendent sur 500 kms², certaines figures franchissent des ravins ou escaladent des collines sans que la rectitude de leurs lignes en soit affectée. Tantôt de forme géométrique, tantôt représentant des animaux, ces incroyables tracés restent un mystère qui émerveille les touristes du monde entier et ce moment très spécial restera à jamais gravé dans ma mémoire.
L'astronaute Le Colibri
Mais le survol des lignes de Nazca n’est pas le seul moyen de nous procurer des sensations fortes, Didier se laisse tenter par une petite virée en buggy dans les dunes du Lagon de Huacachina où il retrouve son âme d’enfant !
Notre hôtel est blotti au creux de l’oasis, endroit incroyable au beau milieu de dunes géantes que nous escaladons pour profiter du beau panorama les pieds nus sur le sable chaud .
Visite de la vieille distillerie de pisco El Catador datant de 1856, où, de février à mars, on presse encore le raisin en le piétinant ! Le raisin, écrasé dans deux grands bassins (une presse en bois ayant été ajoutée dans le second) libère son jus qui est stocké dans de grosses jarres en terre cuite de soixante litres. On le laisse fermenter une semaine sans couvercle puis une seconde en fermant la jarre avec un bouchon en terre cuite. Enfin, le jus est transvidé dans une énorme cuve et distillé ; il faut chauffer 1600 litres de jus de raisin pour obtenir 400 litres de pisco. Ce dernier est normalement fabriqué avec un seul cépage de raisin blanc sucré mais des variantes existes aujourd’hui avec des raisins rouges et blancs mélangés (pisco métisse).
A l’issue de la visite, nous dégustons un « pisco sour » fabriqué à l’aide de pisco additionné de jus de citron vert et de sucre de canne, 18° très bon ! Un muscat rosé plutôt amer appelé vin de messe qui se boit à l’apéritif, une crème de pisco à l’aspect d’une crème de whisky mais élaborée avec du pisco, de la crème de lait et de la figue un goût très spécial pour une teneur en alcool de 17°et enfin un pisco pur à 40° dont le goût est presque indescriptible tant la teneur en alcool est forte !
Nous goûtons également aux confitures de mangues, caramboles et lucuma à la texture de la pomme de terre sans oublier les délicieux chocolats à base de caramel et noix de pécan, ça change un peu du poisson riz .
Nous partons pour une excursion aux îles Ballestas, réserve naturelle abritant des milliers d’oiseaux marins ainsi que des lions de mer. Fous blancs, pélicans, manchots, cormorans et autres spécimens offrent un spectacle étonnant en envahissant le moindre centimètre carré de rocher.
Le guano déposé par nos petits amis, a été récolté de manière intensive durant des années car il constitue un précieux fertilisant. Désormais, seules deux milles tonnes sont extraites tous les cinq ans environs, ce qui nous laisse tout le loisir de pouvoir humer la délicate odeur qui envahit notre bateau à l’approche des falaises !
Nous nous approchons des lions de mer qui se laissent nonchalamment dorer au soleil.
Puis nous regagnons la côte pour filer vers la réserve nationale de Paracas où le désert s’étend jusqu’à l’horizon. Les couleurs ocre et jaune du sable tranchent avec la couverture brune qui couvre les falaises abruptes et le bleu de la mer, c’est vraiment magnifique.
Quelques petits restaurants se sont installés sur le petit port de pêche de Lagunillas où nous dégustons un délicieux céviché (poisson cru) avec vue sur la mer.