LIFOU( ÎLE DE LA LOYAUTÉ)
Du 2 au 7 avril 2013
Nous nous envolons pour Lifou, le soleil est revenu et il fait 29° .
Nous nous installons à « Lilo Rêve » où nous plantons notre tente sous les cocotiers. La mer est turquoise et transparente, nous enfilons de suite nos masques et tubas pour aller admirer les fonds marins où nous croisons de gros poissons.
Le propriétaire étant antipathique, nous changeons d’endroit dès le lendemain. Dans la nouvelle tribu, les femmes ont tressé des nattes et des dizaines de chapeaux pour les fêtes de Pâques, cette exposition nous permet d’admirer la qualité du travail de tissage qui est ici pratiqué.
Aux falaises de Jonkin nous nageons avec les poissons dans un décor de rêve.
Des plages superbes bordent les falaises de Xodre, aux allures parfois de cathédrales. La roche volcanique est coupante, grimper sur les rochers demande attention et prudence ! Un petit sentier bordé de mille essences conduit au cœur de la forêt et nous sommes contraints de rebrousser chemin tant la végétation devient dense.
Dans toute l’île on remarque des petites cases avoisinant les maisons, presque chaque propriétaire en possède une pour accueillir famille, amis ou touristes. Avant l’arrivée des convives, on laisse se consumer toute une journée un feu à l’intérieur de la demeure en bois et tiges de cocotier pour chasser toutes les petites bêtes qui sont nichées dans les coins et ainsi assainir la pièce dans laquelle un matelas sera déposé pour les invités.
Petit tour au seul marché de l’île où on peut trouver légumes, fruits et tous les tubercules mangés quotidiennement ici (taros, igname, manioc).
Nous visitons la chapelle de Notre Dame de Lourdes qui surplombe la mer ;
Puis nous descendons à la Baie de Jinek une réserve naturelle où une multitude de poissons
multicolores nous attendent ainsi que des tortues mais également un « tricot rayé », ce serpent rayé noir et blanc qui, sans être agressif, reste dangereux puisque sa morsure peut être
mortelle .
L’eau est si transparente que nous pouvons photographier les coraux depuis la
plage .
Aujourd’hui il pleut . Nous décidons de traverser la forêt pour rejoindre la
plage de Kikibeach. L’épaisse végétation nous protège des gouttes et lorsque nous arrivons enfin la pluie a cessé et nous découvrons une superbe plage de sable blanc déserte et
tranquille.
Découverte de la Grotte du diable avec Albert qui nous emmène dans la forêt en traversant les jardins où chaque plante possède des vertus comme ce fruit vert qui, bouilli avec les feuilles, se convertit en une tisane antidiabétique.
La grotte du diable est en fait constituée de trois cavités successives, la première est à ciel
ouvert, ses parois grisâtres sont humides et remplies de petits feuillages, dans un petit creux on aperçoit soudain deux crânes humains, peut être les restes d’un festin de cannibales avant
l’arrivée des missionnaires Anglais qui ont mis fin à cette pratique ! Le Diable quant à lui viendrait, selon la légende, se reposer chaque soir dans le fond de la troisième cavité, il
n’était donc pas présent lors de notre visite de jour et nous décidons de ne pas l’attendre .
Nous faisons un petit tour dans le jardin botanique où de jolies plantes, de la vanille (cultivée en abondance sur Lifou) ainsi que le Pahatr cette fougère dont on mange les jeunes pousses en salade cuite, poussent à foison.
Nous sommes désormais installés chez « Jeanne » ; Sous le faré, trois habitantes de
la Grande Terre ayant vécu en Polynésie, sont venues montrer leur savoir faire en matière de tissage de feuilles de cocotiers et de pandanus et nous sommes invités à rester auprès d’elles avec
les membres de la tribu qui sont venus pour apprendre. Nous ramassons des graines dans le jardin pour confectionner les colliers, puis nous nous mettons à l’ouvrage pour tresser des couronnes,
des paniers, des boîtes, des colliers, des mobiles, bref tout un tas de choses superbes que l’on peut fabriquer avec les matières locales .
Puis en fin de journée, les « Mamans de Lifou» nous invitent tous, sous leur faré, à une veillée de remerciements aux « Mamans de Polynésie ».
Nous devons « faire la coutume » dès notre arrivée. Ce rituel est essentiel, il représente la politesse et le respect de la tradition. Nous nous présentons donc comme il se doit en déposant notre manou (bout de tissu) dans lequel nous avons placé une somme d’argent en cadeau en exprimant nos remerciements et notre joie d’être invités à cette soirée communautaire. Ce geste affirme l’esprit unitaire entre les individus car notre présent sera à son tour offert, accompagné d’un discours de remerciements aux dames qui se sont déplacées pour nous apprendre le tissage ; Ces dernières feront, quant à elles, un discours de remerciement en acceptant les cadeaux. L’ambiance est calme et sereine, la parole est sacrée, elle traduit la gratitude et le respect envers l’autre. Si en début de soirée nous avons chanté et dansé en attendant tous les invités, la soirée se termine paisiblement en partageant une tasse de thé avant de se dire au revoir.
Nous nous rendons sur la plage de Chataubriand, cette dernière est réputée pour être la plus belle
de Lifou, cependant une irruption volcanique sous marine a eu lieu récemment et la mer a rapporté une grande quantité de pierres ponce sur le rivage donnant à la plage un aspect singulier. Didier
se plait à soulever trois gros cailloux mais en vérité cette roche volcanique est légère comme une plume . Les
habitants de l’île viendront bientôt chercher ces cailloux spécifiques qui leur serviront d’isolant pour les cases.
Sur la plage de Peng une ambarcation de fortune rend le décor encore plus romantique ;
Et sur la plage de Drueulu les enfants profitent des vacances scolaires pour venir s’amuser dans
l’eau .
OUVÉA ( ÎLE DE LA LOYAUTÉ)
Du 8 au 11 avril 2013
Ouvéa est une petite île vraiment très sympa ! Comme le temps est toujours très menaçant nous suivons les instructions de la maitresse de maison en installant notre tente à l’intérieur d’une petite case en construction. Au fil des jours nous découvrirons avec curiosité la manière dont on habille ces petites maisonnettes en bois et feuilles de cocotiers pour une durée de trois à dix ans selon l’étanchéité.
En montant vers le nord de l’île, nous passons devant les grilloirs où les cocos sont légèrement grillées avant d’être transportées à la distillerie où nous arrivons à présent.
Une forte odeur envahit la grande salle d’extraction d’huile, les cocos prédécoupées sont déversées dans un broyeur puis distillées pour en extraire la précieuse huile ; Deux tonnes de cocos donnent mille litres d’huile.
Les résidus secs sont, à leur tour, broyés et destinés aux cochons (bien meilleur que la farine
animale !) La coco est très présente ici, un tiers de la production d’huile sert à la fabrique de savon et les deux tiers sont utilisés pour alimenter l’ensemble de l’île en électricité (à Ouvéa,
on n’a pas de pétrole mais on a des idées ) Le cocotier est donc un arbre extrêmement important puisque son
tronc et ses branches servent à la construction des cases ainsi qu’à la confection de décorations et la coco, en plus d’être un fruit délicieux, sert à produire de l’huile,
fascinant
.
Nous visitons la fabrique de savon voisine. La méthode de fabrication est simple : on procède à la saponification, réaction entre la soude caustique (lessive) et un corps gras (ici l’huile de coco) en chauffant l’ensemble à 40° (le pouvoir détersif du savon dépend de l’huile utilisée dans la saponification). Des parfums peuvent être rajoutés si nécessaire en fin de préparation à basse température.
Le savon liquide est coulé dans des coffrages en bois où il repose pendant 48 heures, temps nécessaire pour refroidir et durcir.
Il est ensuite démoulé à la main (on écarte les planches des caisses pour le libérer) puis coupé au
fil à beurre en boudins qui, à leur tour, seront redécoupés en petits rectangles. Enfin une machine arrondit les côtés et incruste le logo de la fabrique sur le savon qui sera emballé
manuellement sous film plastique ou dans des boîtes en carton. Les déchets restants après la découpe sont réduits en paillettes pour la lessive en poudre, rien n’est perdu .
Petite halte au Trou bleu d'Hanawa où de beaux poissons frétillent dans l’eau claire. Le trou aux
tortues quant à lui abrite une grande quantité de tortues qui jaillissent des profondeurs pour venir prendre une bouffée d’air ! Alors que nous guettons chaque frémissement de l’eau, une
vingtaine d’adolescents arrive et plonge sans retenue dans l'eau, anéantissant notre chance de revoir les tortues .
Après une petite balade sur les belles plages environnantes, nous allons dîner
« au soleil levant » ; Au menu crabe de cocotier, manioc, igname et taros, découverte de nouvelles saveurs . La « maman » qui tient le restaurant connait bien les plantes médicinales et nous parle de leurs vertus, de leurs associations
aux rêves prémonitoires de guérison, des coutumes et de la nécessité de garder le secret des recettes miracles. Soirée très intéressante
.
Aujourd’hui nous descendons dans le sud de l’île, sur notre trajet nous découvrons le travail artisanal local notamment la sculpture sur bois effectuée avec différentes essences dont le bois de senteur qui offre l’opportunité de sculpter des statues bicolores.
Un petit sentier nous conduit aux falaises de Lekiny, dans la roche on distingue les cavités où jadis reposaient les défunts de l’île.
Depuis le pont de Mouli, nous contemplons les plages de rêve et dans l’eau, malgré la houle, nous
distinguons de grosses raies. Soudain, une petite raie bondit hors de l’eau à plusieurs reprises, nous comprenons très vite pourquoi en voyant un gros requin la courser .
Petit tour dans le village où l’on découvre la grande chefferie, l’église et la grotte adjacente.
Nous flânons sur la plus belle plage de l’île, à l’horizon les dégradés de bleus sont
sublimes. Suivant la
marée, des bandes de sable s’enfoncent vers la mer, marcher sur ces minuscules îlots éphémères est vraiment magique .
Retour au camping en stop, formule très répandue sur les îles. Nous nous retrouvons à l’arrière
d’un pick-up accompagnés de deux belles petites filles, une très timide et l’autre très bavarde .
Au dîner, nous avons commandé un « Bouniat » ce plat local constitué de divers tubercules
accompagnés de poulet ou poisson, baignant dans du jus de coco et enfermés dans des feuilles de bananier que l’on cuit à l’étouffer durant des heures sur des pierres chaudes déposées dans un trou
creusé dans la terre. L’éblouissement n’est pas au rendez-vous mais nous nous devions de goûter ce met si populaire .
ÎLE DES PINS
Du 12 au 16 avril 2013
Notre dernière destination en Nouvelle Calédonie est l’île des pins. Nous profitons d’une éclaircie pour embarquer à bord d’une pirogue qui traverse la baie d’Upi qu’on nomme ici « la petite baie d’halong ».
Puis un petit sentier traversant la forêt et longeant une magnifique rivière turquoise, nous
conduit vers la baie d’Oro en une quarantaine de minutes, à la « piscine naturelle », un aquarium géant où des poissons par centaines tourbillonnent dans l’eau
translucide .
Sur la plage des centaines de petits crabes noir et rouge s’enfuient dans leur trou au moindre frémissement du sable sous nos pas. Nous restons des heures durant dans cet endroit exceptionnel.
Nous visitons les vestiges du bagne enfouis dans la forêt tropicale où plus de quatre mille déportés de la métropole furent enfermés
entre les années 1872 et 1880 et purgèrent leur peine dans des conditions terribles .
Nous assistons à une petite séance de danses traditionnelles en plein air avant de flâner sur les longues plages de sable fin.
L’île est nommée ainsi en raison des immenses forêts de pins qui la recouvrent mais on trouve également des Bugnys, aux longues branches crochues, qui semblent tirés d’un film d’épouvante !
Aujourd’hui tous les scooters et vélos sont loués, nous décidons donc d'effectuer notre parcours à
la « Pékin express » , c'est à dire de faire du stop et d’aller partout où on veut bien nous emmener .
Nous découvrons ainsi les grottes de la Reine Hortense, immenses cavités sombres et glissantes abritant de belles stalactites ainsi que des milliers de chauves souris, la dernière grotte laissant
pénétrer la lumière du jour par une grande ouverture vers le ciel.
Puis route vers la ville de Vao où une petite église
Nous marchons une petite heure depuis la baie de St Maurice jusqu’à la baie de St Joseph qu’on peut rejoindre à marée basse et qui offre encore de belles vues sur la mer.
Nous terminons notre séjour par une petite randonnée sur le pic N’Ga qui surplombe toute l’île offrant un panorama superbe.
Avant de nous détendre sur la superbe plage de Kanumera entourée d’arbres immenses et de
surprenants rochers plantés dans la mer sur lesquels des arbustes ont pris racine .
Retour à Nouméa où David, Titouan et Eliot nous attendent (Audrey et le petit Malo étant en
métropole). Nous apprécions une dernière fois la compagnie de cet attachant trio masculin durant les quelques heures qu’il nous reste sur le caillou et c’est avec un réel pincement au cœur que
nous leur faisons nos adieux pour partir vers de nouveaux horizons .
Notre impression sur la Nouvelle Calédonie
La Nouvelle Calédonie, territoire français d’outre mer, est un archipel aux paysages et aux identités multiples.
Elle, possède cinq signes identitaires : un nom, un hymne et un drapeau qui lui sont propres, une monnaie (le franc pacifique) aux illustrations singulières (un côté du billet relatif à la Nouvelle Calédonie et l’autre face relative à la Polynésie) et une devise qui est « terre de parole, terre de partage ». La population qui vit dans l’archipel est issue d’origines culturelles très différentes, les mélanésiens, les caldoches (descendants des colons blancs), les wallisiens, tahitiens, indonésiens, asiatiques et autres métissages. Tous se considèrent calédoniens à part entière. Sans oublier tous les métropolitains arrivés, récemment ou depuis des années sur le territoire et qu’on appelle ici « les zoreilles ».
L’entente entre tout ce petit monde est compliquée et même si les relations semblent cordiales, les tensions sont palpables. Nous avons été reçus avec beaucoup de gentillesse dans les tribus mélanésiennes mais nous avons aussi été victimes de vandalisme (voiture fracturée et vol) dans un secteur où le désir d’indépendance est fortement revendiqué, le sentiment de sécurité qui nous a accompagné durant notre long voyage s’est ici totalement évaporé.
La vie en tribu est tout à fait singulière et les tribus elles mêmes sont différentes. Cette vie en communauté à ses propres règles, elle est basée sur le partage et le respect de l’autre et semble refléter un idéal de vie. L’évolution des jeunes qui, en contact avec les technologies actuelles, s’éloignent irrémédiablement des us et coutumes propres à la vie en tribu, semble annoncer un changement à moyen terme.
Nous avons adoré les paysages du sud de la grande terre vers la rivière bleue et les splendides falaises de Hienghene et tant d’autres endroits fascinants. Les petites îles voisines ont, quant à elles, un charme fou, dotées de plages de rêve et d’habitants chaleureux. Notre seul regret est de ne pas avoir pu profiter au maximum de tous ces endroits magnifiques en raison du temps qui a souvent été pluvieux.