PAYS TORAJA
Du 28 juin au 7 juillet 2012
Nous arrivons à Macassar, capitale de Sulawesi, la ville ainsi que la plage qui la borde sont sales et sans intérêt, la circulation est dense et bruyante mais c’est notre point de départ pour partir vers le pays toraja, nous ne passons donc qu’une soirée dans la ville où nous rencontrons des locaux forts sympathiques qui nous font goûter les spécialités culinaires du coin.
A 22h nous montons à bord d’un bus tout neuf, ultra moderne avec wifi et tout le confort pour passer une nuit de trajet paisible mais c’est sans compter la conduite brutale du chauffeur qui rendra la plupart des voyageurs malades tout au long du trajet !
Nous arrivons à Rantepao au cœur du Toraja au petit matin. Nous nous installons dans une petite maison, complètement méconnue des guides touristiques où seulement quatre chambres d’hôtes sont proposées aux voyageurs, quelle surprise alors quand nous découvrons que nos voisins de chambre sont tout simplement Nadège et Pablo, rencontrés dans un bus local entre Lijiang et les gorges du tigre en Chine neuf mois auparavant !
A l’occasion de nos retrouvailles, le propriétaire nous concocte un repas traditionnel avec du porc cuit dans une tige de bambou ; Ravis de se retrouver, nous passons la soirée et une partie de la nuit à bavarder ensemble car les questions et récits d’aventures fusent !
Au petit matin nous allons découvrir le grand marché local, organisé tous les six jours, qui propose à la vente des buffles dont la couleur et la forme des cornes sont très importantes pour le choix des bêtes à sacrifier lors des cérémonies funéraires et des cochons par dizaines, déjà ligotés comme des saucissons prêts à cuire et dont les cris retentissent à des centaines de mètres à la ronde !
Sur le marché on trouve également des poissons et des anguilles, du tofu, des fruits et légumes mais aussi du café très réputé dans la région, des outils artisanaux notamment des couteaux, des paniers et des récipients en pierre pour écraser les piments.
Après nos adieux à nos deux amis qui partent vers d’autres horizons, nous louons un scooter pour découvrir les environs.
Cette région du « pays Toraja » a su préserver ses traditions ancestrales. Dans la campagne environnante nous découvrons les « Tongkonan », maisons traditionnelles au genre unique avec leur toit qui remonte des deux côtés vers le ciel tels deux longues cornes de buffle. Toutes ces vieilles demeures sont peintes de motifs particuliers et devant l’entrée on aperçoit des cornes de buffles alignées sur une tige de bois qui monte parfois jusqu’au sommet de la façade, le nombre de cornes traduisant la richesse de la famille. Ces maisons familiales ne peuvent être ni achetées ni vendues et renferment les souvenirs de plusieurs générations, elles sont entourées d’autres petites bâtisses similaires servant de grenier à riz.
Nous sommes en pleine période de récolte et nous voyons les paysans se dépêcher de rentrer le précieux riz dans les greniers, la campagne est superbe avec toutes les rizières tantôt prêtes à être coupées, tantôt juste plantées.
Nous découvrons les grottes de Londa dans lesquelles des cercueils mais aussi des crânes et des ossements sont éparpillés partout dans les cavernes, des friandises et cigarettes sont déposées près des ossements humains en guise d’offrandes. Autrefois les morts étaient enfermés dans les grottes avec leurs biens personnels mais en raison des pillages cette coutume s’est perdue.
Nous assistons à une cérémonie funéraire qui dure entre trois et cinq jours. Le défunt est parfois décédé depuis plus d’un an car la famille attend d’avoir les fonds nécessaires pour organiser cette grande fête qui rassemble des centaines de personnes.
Le premier jour de la cérémonie, le cercueil est posé sur des tiges de bambou puis décoré, une statue de bois représentant la défunte est placée juste à côté, un prêtre dit la messe tandis que les hommes tournent autour du cercueil en chantant, puis on hisse le cercueil en haut d’une tour surplombant le site de cérémonie.
Des cochons sont tués pour le repas en famille et des combats de buffles sont organisés avec des paris.
Le deuxième jour (voir le troisième et quatrième selon la durée de la fête), la famille reçoit les invités, aussi bien les proches que le reste du village et même les voyageurs comme nous, pour un repas en l’honneur de la défunte, refuser est un outrage ! En remerciement, il est coutumier d’offrir des présents. Les hommes dansent autour des bêtes qui seront sacrifiées pour l’occasion.
Nous avons d’ailleurs remarqué qu’un cochon était réservé pour Monsieur Hollande qui devait faire parti des invités mais que nous n’avons pas vu.
Le dernier jour enfin, une dizaine de buffles sont sacrifiés afin que le corps de la défunte monte au ciel (durant toute la période qui précède ce jour on dit que la personne est malade mais pas morte). Le cercueil est ensuite emmené dans un tombeau, creusé dans une grotte ou un rocher par des tailleurs de pierre, pour reposer en paix.
Cette cérémonie est extrêmement importante dans la culture des Torajas, négliger les funérailles peut porter malheur à toute la descendance !
L’ambiance est détendue, les funérailles ici ne sont pas tristes, à l’occasion de la messe pourtant nous avons une pensée pour nos proches décédés et les larmes sont difficiles à contenir !
Nous assistons aux différentes étapes de la cérémonie, évitant toutefois la mise à mort des buffles, la simple vision de leurs dépouilles après le sacrifice étant déjà insoutenable !
Nous repartons dans les terres où les rizières en terrasses et des villages typiques nous fascinent.
A Lemo, nous découvrons d’autres tombeaux creusés dans la paroi rocheuse, les statues des défunts sont exposées dans une sorte de balcon afin que les familles puissent se souvenir de leur passage sur terre.
Au cœur de la forêt, on a creusé dans un arbre des petits tombeaux pour y loger des corps de bébés, des petites portes couvertes de mousse sont encore préservées dans l’arbre mort.
Sur le site de Ke Te Kesu ont trouve encore de belles demeures traditionnelles, un chapiteau pour les cérémonies funéraires et des grottes où reposent des défunts. Dans l’escalier qui mène aux grottes, des cercueils, autrefois posés sur des poutres plantées dans la paroi rocheuse, sont tombés et se sont cassés, répendant sur les marches tous les ossements des morts qu’on laisse tels quels, plutôt étrange mais rien ne doit choquer les étrangers, c’est ici la tradition et ce depuis des générations.
Nous partons faire une randonnée dans la montagne, le ciel est bleu et le soleil brille sur les rizières dorées, le riz est prêt à couper et les paysans en forment des petites bottes pour le mettre à sécher partout où l’on peut trouver un peu de place y compris dans l’enceinte de l’église.
Sur le sentier, les morceaux de viande et les peaux de buffles tués lors des cérémonies sèchent au soleil, ici rien ne se perd !
Le paysage est splendide et lorsqu’on arrive au sommet de la montagne la vue d’ensemble est vraiment superbe !
Au village de Lempo les tailleurs de pierre sont à l’ouvrage pour creuser un nouveau tombeau et à Lo Ko Mata, la place commence à manquer tant les trous dans la roche sont nombreux, on entend pourtant encore le marteau et le burin résonner à l’intérieur du gros rocher.
Nous redescendons tranquillement la montagne, traversant des hameaux où l’on peut encore admirer de belles maisons traditionnelles.
Rentrés en ville en fin de journée, nous décidons d’acheter notre billet de bus pour le lendemain mais hélas tous les bus sont complets en raison du nombre important de voyageurs en cette saison, nous patientons donc durant quatre jours pluvieux avant d’embarquer pour notre prochaine destination.
ÎLES TOGIAN
Du 8 au 21 juillet 2012
Après 15 heures de route à bord d’un vieux bus local, nous arrivons à destination de Poso vers minuit, les hôtels
sont tous complets et nous sommes contraints de dormir à la belle étoile . Des indonésiens, hébergés dans l’hôtel où
est organisé leur conférence sur le micro crédit, nous invitent gentiment à leur table dans le hall, nous proposent des boissons, des cacahuètes et nous font la conversation une bonne partie de
la nuit.
Au petit matin, nous prenons notre petit déjeuner, un bon café est vraiment bienvenu ! Encore six heures de mini-bus pour arriver à Ampana, après une bonne douche nous passons une soirée détente et une bonne nuit pour récupérer de la veille. Dès le lendemain nous embarquons sur un petit bateau pour trois heures de traversée à destination de Bomba une des nombreuses îles de Togian.
A bord du vieux rafiot, nous regardons avec consternation, les passagers jeter tous leurs déchets par-dessus bord,
couches-culottes, bouteilles et sacs plastique flottent sur la mer en direction des belles plages .
Nous arrivons enfin sur l’île de Bomba où on nous annonce que les bungalows sont complets, décidemment nous ne sommes pas chanceux ! On nous propose toutefois de rester jusqu’au dîner sur l’île pour profiter de la plongée avant de nous emmener en petite barque au village d’en face où nous sommes hébergés chez l’habitant. Les demeures sont sommaires et nous découvrons les conditions de vie des locaux, qui ne bénéficient que de quelques heures d’électricité en fin de journée, qui cuisinent au feu de bois et qui se lavent encore à l’aide de petits récipients, à l’eau froide bien entendu.
Sur Bomba, aucun logement ne s’est libéré et aucun bateau n’est prévu pour nous emmener vers une autre
destination .
La chance nous sourit enfin quand un bateau privé accoste l’île avec à son bord quatre Francos-Belges, qui nous proposent gentiment de les rejoindre. Nous sommes désormais huit à bord du bateau, Martine et Thierry, Nicole et Thierry leurs amis Français, Audrey et Jonathan, un petit couple qui nous accompagne depuis Rampateo et nous deux.
Nous arrivons sur la minuscule île de Pangempa. Nous nous installons dans un petit bungalow au bord de la mer, où quelques petites chauves-souris pendent au plafond.
Nous avons hâte de découvrir les nouvelles espèces de poissons qui habitent ces lieux, malheureusement le temps est capricieux et nous devrons attendre une journée avant de prendre un bateau pour explorer les fonds marins. Heureusement, les jeux de tarot et d’échecs aident à passer le temps ! Martine, aquarelliste de renom, complète son carnet de voyage en peignant de nouvelles représentations.
Après le coucher du soleil, on nous propose d’aller voir les crabes de cocotiers qui peuvent peser jusque cinq kilos ! Nous n’en découvrons que des petits mais qui sont tout de même impressionnants.
Le soleil est au rendez-vous ce matin, nous filons de suite en bateau pour aller découvrir les fonds marins, trois spots de plongée au planning du jour, le premier pour admirer les coraux de toute beauté, endroit que nous aurons beaucoup de mal à quitter !
Le deuxième lieu de découverte est un petit lac à l’intérieur de l’île, où l’on peut plonger avec des méduses inoffensives pour l’homme, c’est une première pour nous de pouvoir toucher ces majestueuses boules fluorescentes !
Nous atteignons notre dernière destination, une petite plage « Robinson Crusoë » où nous nous installons pour déjeuner avant d’aller plonger à nouveau dans les eaux cristallines où de nombreux poissons multicolores nous attendent.
Nous avons beaucoup de mal à quitter l’île de Pangempa pour prendre le bateau de nuit jusqu’à Gorontalo. Encore un vieux
ferry plein à craquer ! Les locaux s’installent comme chez eux au sous sol, tandis qu’au premier niveau les places sont prises d’assaut. Nous jouons à nouveau de malchance, plus de place
couchette pour nous ! Après que Didier est joué une partie d’échec avec un jeune indonésien très doué, nous décidons de dormir sur le pont à la belle étoile et des étoiles nous en comptons
par milliers dans le ciel dégagé de cette nuit claire, nous passerons donc plus de temps à contempler la voie lactée qu’à dormir à poings fermés .
SULAWESI NORD
Du 22 au 26 juillet 2012
Notre ferry arrive au port de Gorontalo qui n’est qu’une étape du voyage, nous devons continuer le trajet en minibus. Les distances à parcourir sont longues et pénibles en raison des routes en mauvais état et c’est tard dans la soirée que nous arrivons enfin à Tomohon où nous avons prévu de faire une randonnée nous conduisant au sommet du volcan Lokon, seulement voilà, la nature est capricieuse et le volcan fait des siennes en fumant anormalement, réduisant à néant notre projet d’escalade !
Nous nous consolons en nous rendant dès le lendemain au marché local qui est un véritable rendez-vous avec l’insolite !
Les premiers étals de fruits, légumes et poissons séchés semblent tout à fait ordinaires, toutefois, lorsque l’on s’aventure un peu plus loin on découvre tout un tas de choses à manger absolument insoupçonnables. Sur les tables ensanglantées, sont déposés des serpents, des rats, des chauves souris et même des chiens ! Nous regardons, d’un air un peu dégouté, les clients faire leurs emplettes pour cuisiner leur prochain repas.
Le temps est très couvert, nous décidons de louer une voiture avec nos compagnons du moment pour sillonner les environs. Après une petite pause déjeuner dans un petit restaurant sur pilotis autour duquel de beaux oiseaux viennent se reposer, nous grimpons vers le lac sulfureux de Danau Linow, même par ce temps pluvieux le lac turquoise est très beau, au loin on peut voir les fumeroles monter vers le ciel.
Nous grimpons vers les collines où s’étendent des patchworks de couleurs; Choux et autres légumes couvrent presque tout l’ensemble du territoire.
Nous atteignons notre point de chute, une petite ballade nous mène en face du cratère du volcan Mahawu avec vue sur le Lokon d’où la fumée s’envole, nous rappelant qu’ici la nature règne en maître et qu’à chaque instant le volcan peut se réveiller.
Le temps est resté maussade toute la journée et nous avons hâte de prendre le bateau pour l’île de Bunaken où nous espérons retrouver le soleil.
Nous nous installons dans un petit bungalow blotti au cœur d’un petit jardin très agréable puis nous allons découvrir le petit village tranquille où seuls quelques enfants s’amusent dans les allées désertes.
Nous plongeons ensuite dans les eaux transparentes, juste en face de notre petit logis pour admirer les fonds marins qui sont, ici aussi, absolument fantastiques. La diversité des coraux et des éponges qui tapissent les fonds forment un panel de couleurs magnifiques et les poissons sont également très beaux, nous croisons une tortue et deux murènes, encore un régal pour les yeux !
La propriétaire de notre hébergement nous informe que sa cousine Joulia se marie et que nous pouvons assister à la cérémonie puis à la fête étant donné qu’elle s’y rend avec tout son staff, plutôt amusés par la proposition nous nous rendons donc à l’église du village où les habitants se sont mis sur leur 31 pour célébrer l’union de Joulia et de son époux (au nom imprononçable !) Après la messe où chacune des familles a chanté tour à tour pour les mariés, nous suivons le cortège de musiciens jusqu’au chapiteau où est installé un grand buffet pour accompagner les réjouissances. Nous écoutons l’animateur raconter dans son micro des choses qui font rires aux éclats toute l’assemblée mais dont nous ne comprenons pas un piètre mot avant d’aller nous servir en poisson, légumes et autres victuailles. Dès le repas terminé, les convives sont invités à prendre un petit colis en cadeau et à quitter les lieux, la fête ne se poursuivra qu’en fin de journée par une soirée dansante. Nous félicitons donc les mariés avant de partir.
Nous ouvrons notre boîte avec curiosité et découvrons quelques petits gâteaux qui représentent certainement pour la famille un présent de taille car les villageois sont pauvres ici et une telle fête est exceptionnelle !
Après quelques jours de détente au soleil, à plonger en masque et tuba et nous balancer dans nos hamacs nous quittons l’île avec regret mais nous devons nous rendre à nouveau à Manado afin de faire quelques emplettes afin notre départ vers l’Australie.
Nous prenons tout de même le temps de nous rendre au parc naturel de Tangkoko. Nous traversons les plantations de cocotiers, la production de noix de coco est importante dans la région.Aux bords des routes on peut aussi voir les clous de girofles sécher au soleil.
Après une promenade sur le sable noir de la plage où quelques bateaux de pêcheurs sont échoués nous nous enfonçons dans la forêt tropicale où nous attendent les macaques à crête qui nous dévisagent avec leurs gros yeux oranges, agréable rencontre avec ces derniers mais aussi avec les araignées, les papillons ou encore les lézards volants qui habitent les lieux.
Vingt six juillet, nous sommes prêts pour notre changement de continent car nous avons enfin nos visas ! Un avion pour Darwin via Denpassar nous attend vers six heures du matin pour nous emmener vers de nouvelles aventures !
Nos impressions sur l’Indonésie
Dernier pays d’Asie qui nous a enchanté avec ses volcans spectaculaires et le magnifique temple de Borobudur sur Java, ses rizières en terrasses et la belle ville d’Ubud chargée de spiritualité et animée par l’artisanat local sur Bali ainsi que les superbes plages de Kuta sur Lombok.
Incroyables découvertes sur l’île de Sulawesi qui nous a fasciné par sa culture et ses coutumes ancestrales dans le pays Toraja et par ses superbes îles Togian et Bounaken véritables aquariums géants où nous avons pu admirer de nouvelles espèces de poissons et coraux.
Nous avons trouvé les indonésiens plutôt sympathiques excepté sur les îles de Lombok et de Gili affectées par le tourisme de masse, changeant la mentalité des indonésiens à l’égard des voyageurs. Nous avons constaté des disparités à la fois de niveaux de vie mais également de cultures entre les différentes populations sur chacune des îles.
Même si des associations pour la protection de l’environnement commencent à émerger, l’heure n’est pas à la prise de conscience du potentiel énorme que contiennent ces îles et la pollution quotidienne liée aux milliers de déchets jetés dans la mer et trainant sur les plages est malheureusement loin d’être éradiquée.
Nous ne regrettons pas un seul instant en tout cas d’avoir choisi cette dernière destination en Asie même si nous avons eu un temps plutôt exécrable sur Sulawesi ! Notre seul grand regret est de ne pas y avoir consacré plus de temps car deux mois c’est vraiment trop court pour visiter cet archipel aux mille facettes.