Du 28 Février au 5 Mars 2012
Le « train de l’enfer » que nous prenons pour aller jusqu’à Bago restera dans nos mémoires pendant longtemps !
Nous avons acheté un billet 1ère classe pour ne pas être assis sur des banquettes en bois. Pourtant, dès notre installation, nous constatons que le wagon est dans un état pitoyable, sièges crasseux et déglingués, toilettes immondes et on ne comprend pas tout de suite pourquoi les gens attachent leurs valises aux étagères mais nous sommes embarqués et le train démarre déjà !
Balancés comme des pantins désarticulés dans un bruit assourdissant de tôle rouillée glissant sur les rails, quelques petites sensations bizarres à nos pieds attirent notre attention, des dizaines de souris courent entre nos jambes, sautent sous nos sièges à la recherche de quelques miettes de nourriture sans doute et, au fil du temps, nous finissons par nous habituer au va et vient de ces passagers clandestins.
Le train se traine à une vitesse de 10 kms heure avec des pointes à 15 parfois ! Nous laissant tout le loisir d’admirer le splendide paysage de montagne. A chaque arrêt en station les gens essayent de nous vendre des fleurs, des fruits et toutes autres sortes de victuailles, mais le train s’arrête également en pleine campagne pour laisser monter des villageois.
Le contrôleur vient s’assoir à nos côté et nous le regardons fabriquer ses petits carrés de feuilles de bétel farcies pour les mâchouiller tout au long du trajet.
Nous arrivons à la gare de correspondance avec 6 heures de retard en pleine nuit, des passagers en transit sont couchés sur le quai ou dînent en famille. Par un heureux hasard un train surgit des ténèbres pour nous embarquer à destination. Bien évidemment avec le même confort que le précédent. Cahotés dans tous les sens avec l’air froid, pénétrant par les fenêtres sans vitres bien sûr, qui nous transperce tout le corps, nous avons bien du mal à dormir un peu durant cette longue nuit et nous regardons les yeux tout ensommeillés le jour pointé dans la brume matinale.
Après un record du monde de lenteur à savoir 26h30 pour parcourir 607 Kms dont 15h pour les 150 premiers ! Nous arrivons, tout endoloris, à Bago, petite ville animée où nous découvrons encore quelques beaux stupas et bouddhas blancs et or.
Un birman escalade une échelle en bambou pour grimper au sommet d’un cocotier afin d’en récolter la sève qui contient du sucre et qui peut se consommer fraîche.
De passage à Mawlamine, nous flânons dans les temples surplombants la ville, d’où le panorama est magnifique, jusqu’au coucher du soleil. Puis, dès le lendemain, nous prenons un bateau à l’embarcadère pour remonter le fleuve Thanlwin jusqu’à Hpa-An. Cette petite croisière à 5 nous donne l’occasion d’admirer à nouveau de beaux paysages de montagnes calcaires durant plusieurs heures.
Les différents sites autour de Hpa-An sont éparpillés dans un sublime décor verdoyant que nous traversons en vélo. Nous découvrons la grotte de Kawgoon, véritable galerie d’art du VIIème siècle où l’on peut admirer des milliers de petits bouddhas en argile collés sur les parois rocheuses menant à la grotte, elle-même remplie de peintures et de sculptures murales et abritant des statues de bouddhas dans différentes postures. Nous poursuivons notre balade par le rocher Kyauk Kalap sur lequel se dresse une petite pagode d’où la vue sur le lac artificiel et les montagnes environnantes est superbe.
En fin de journée, nous atteignons Lonebini, un champ de bouddhas assis où des centaines de statues scintillent dans la plaine au soleil couchant.
C’est en moto-taxi, c'est-à-dire à trois sur un scooter ! que nous partons vers la grotte de Saddar, immense caverne d’une hauteur et d’une largeur impressionnante, renfermant outre de magnifiques stalactites, des chauves-souris par milliers, suspendues aux plafonds des salles obscures et dont les cris et les odeurs d’excréments sont presque insupportables.
Au bout de la traversée de la série de grottes, nous avons la surprise de découvrir une belle vue sur un petit étang où barbotent quelques canards.
Au village de Eindu, nous prenons un pick-up pour aller voir le bouddha Win Sein Taw Ya. En chemin, une énorme secousse nous avertit qu’il y un problème, un essieu vient tout simplement de lâcher ! Mais comme le système D fonctionne plutôt bien dans le pays, un second convoi nous prend en charge au bout d’une heure d’attente. Chargés comme du bétail, Didier retrouve son âme d’adolescent quand le chauffeur lui propose de monter au dessus du fourgon, assis sur les sacs de riz et autres chargements.
Nous arrivons à temps pour voir le plus grand bouddha couché du monde, récemment construit et étalant ses 170 mètres sur plusieurs collines. La sensation de se trouver minuscules à côté de ce géant est plutôt amusante, puis nous entrons à l’intérieur de ce dernier pour découvrir des sculptures poussiéreuses dans un environnement plutôt glauque.
Avant de quitter le Myanmar nous passons par Kyaiktiyo pour voir de près le célèbre Rocher d’Or qui surplombe les plaines et qui fait l’objet de mille prières par les foules de pèlerins qui viennent se recueillir au quotidien. Seuls les hommes sont autorisés à coller des feuilles d’or sur le stupa qui se dresse sur le fameux rocher qui, selon la légende, ne tient que par un cheveu de Bouddha. On retrouve ce monument, sublime aux yeux des birmans, en photos un peu partout et tout bon bouddhiste rêve de faire un jour le pèlerinage qui conduit à ce sanctuaire sacré.
La montée est rude et nous la faisons à bord d’un camion pour l’aller mais nous décidons de redescendre à pieds et de profiter, durant les deux heures de retour, de la nature et de la tranquillité des montagnes environnantes.
Notre impression sur le Myanmar
En continuité avec les paysages du Laos, le relief du Myanmar est composé de vastes plaines, plutôt sèches en cette période de l’année, et de belles montagnes où un déboisement massif fait malheureusement place à des cultures diverses.
Nous avons vu beaucoup de maisons en bambou dans les nombreux villages, même si les nouvelles constructions sont désormais en béton pour de bien meilleures conditions de vie des villageois.
Ici, encore plus qu’ailleurs, nous avons pu admirer des milliers de temples fabuleux dont le site de Bagan qui est le plus spectaculaire à nos yeux.
Nous avons fait de belles rencontres dans les villages avec des paysans déconnectés du monde moderne et nous avons été attendris par les visages maquillés des enfants et des femmes, qui manucurent et vernissent également leur main gauche uniquement. Les hommes quant à eux mâchouillent leur bétel à longueur de journée dans leur longyi qui leur sied à merveille.
Nous avons été les témoins d’une vie rude pour un grand nombre de la population, travaillant dans les champs et sur les routes à restaurer la chaussée. Tous ceux avec lesquels nous avons pu parler librement mettent tout leur espoir dans les futures élections législatives du 1er Avril prochain où Aung San Suu Kyi devrait normalement être élue.
L’extrême gentillesse et la curiosité des Birmans est une réalité, le seul bémol aujourd’hui, depuis l’ouverture du pays au tourisme, est cependant la mentalité des prestataires touristiques qui, bien plus soucieux d’augmenter leurs tarifs plutôt que la qualité de service, proposent des hébergements et des transports plus que médiocres à des prix élevées pour l’Asie du sud est.
Une ou deux exceptions nous ont toutefois réconfortés durant notre séjour.